Qu’est-ce que la Santé Mentale ?
Quelle place pour la santé mentale en 2024
La santé mentale occupe une place de plus en plus centrale dans les préoccupations collectives, sociales et politiques, notamment stimulée par la crise du Covid-19. La littérature scientifique en santé publique, en sciences sociales et en histoire contemporaine illustre d’une approche française tardive par rapport aux autres pays occidentaux. Ce retard, également au niveau de la recherche, s’explique en partie par une non-priorisation de la santé mentale par les pouvoirs publics.
Néanmoins, les discours concernant la santé mentale se multiplient, les paroles se libèrent, les rapports mettent en avant son importance dans les situations de la vie telles que l’accès au logement, la vie sociale, l’éducation, le travail, l’accès aux soins et la santé sexuelle.
Comprendre ce qu’est la santé mentale
La santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté » et qu’il ne s’agit pas seulement « d’une absence de maladie ou d’infirmité ».
Santé mentale : une notion encore flou ?
La santé mentale est alors à penser comme un spectre large allant d’un état de bien ou de mal-être jusqu’aux troubles psychiatriques les plus contraignants dans le quotidien.
Les états de bien ou de mal-être concernent tout état émotionnel ayant une influence sur le sentiment même d’épanouissement, de bonheur, d’apaisement. Quand les états de mal-être font surface, ceux-ci concernent notamment les états relatifs au stress, à l’anxiété, les inquiétudes, les situations de dévalorisation et toute situation psychologique étant considérée comme négative de la part de l’individu.
DE LA PRÉVENTION À L’ACCÈS AUX SOINS : DES ENJEUX…
La santé mentale constitue un enjeu qui nous concerne tous au même titre que la santé physique. Cependant la santé mentale peut être redoutable si on l’aborde sous le prisme des inégalités.
…DE SOCIÉTÉ
Tout d’abord, le domaine de la santé mentale est largement moins investi financièrement que la santé physique, de nombreux moyens économiques et humains sont consacrés aux structures de santé mentale, ce qui implique des stratégies organisationnelles dans un climat d’urgence et de saturation des services de santé proposés.
Comment ça se traduit pour nous ?
- De l’attente pour les rendez-vous
- Une mauvaise prise en charge de nos troubles
- Des freins aux diagnostics
- Des services non-remboursés par la sécurité sociale
- Une méconnaissance des professionnels sur les spécificités des personnes, notamment en ce qui concerne la sexualité, l’addiction, le parcours migratoire et bien d’autres particularités constituant les spécificités des personnes.
- Dans les états de santé mentale les plus graves, cette réorganisation implique aussi une redéfinition de l’urgence, puisque l’hôpital n’est pas en mesure d’accueillir toutes les personnes qui devraient théoriquement bénéficier des soins en hôpital.
… ET D’INÉGALITÉS
Ensuite, la santé mentale est une source d’inégalités. La manière dont elle va s’articuler sur chaque individu va déterminer son accès aux services de santé, à ses droits, aux services publics hors santé, à son travail et son sentiment d’intégration en société.
Les troubles psychiatriques constituent la première cause d’incapacité du travail, la dépression en est la troisième et les troubles anxieux en sont la cinquième.
Ces incapacités peuvent mener à des situations d’isolement et d’exclusion.
Le public concerné par le chemsex se trouve dans une dimension vulnérable puisque le jeune public (moins de 35 ans) est particulièrement concerné par le suicide (première cause de mortalité). Les chemsexeurs sont plus touchés par les problèmes de santé mentale notamment sur l’accès aux soins et sur les conséquences de la stigmatisation sociale alimentant les prévalences de dépression, d’anxiété et de traumatismes dûs aux violences. Ces risques sont d’autant plus accrus si les chemsexeurs concernés sont des personnes LGBTQI+ qui présentent également des prévalences de problèmes de santé mentale.
On peut même parler de sur-risque de problèmes de santé mentale, il convient d’avoir alors une vigilance particulière pour les chemsexeurs et leurs spécificités individuelles.
Ces exemples ne sont pas exhaustifs, ils servent surtout à montrer que la santé mentale implique des fragilités et des inégalités qui s’avèrent être exponentielles sur nos particularités n’entrent pas dans une norme attendue. Plus la norme est transgressée, plus il est probable de faire face à des difficultés dans sa santé mentale ou dans l’accès aux soins en santé mentale.
La santé mentale est un spectre englobant diverses conditions psychiques, depuis les états émotionnels jusqu’à l’accumulation de plusieurs diagnostics psychiatriques. Il est essentiel de considérer la santé mentale dans toutes les facettes de notre existence. Elle agit comme un pilier quotidien, en influençant nos actions, notre manière de réfléchir, et la définition de nos objectifs. Ainsi, il est nécessaire d’en prendre soin, chaque individu décidant l’approche qui lui convient le mieux.
Une approche intersectionnelle, prenant en compte les facteurs de genre, de racisation, de classe sociale mais aussi de toute particularité de l’identité des personnes, permet une prise en charge inclusive dans la santé mentale, de mettre au jour des paroles, de briser des tabous, de prendre soin, et d’avoir des soins.
- Première Conférence ministérielle européenne de l’OMS sur la santé mentale (Helsinki, janvier 2005)
- Bourdillon, F. (2018). Santé publique et santé mentale. Pratiques en santé mentale, 64e année(1), 12‑16.